5 sept. 2007

Gujaira baie

Le jour venait juste de poindre, dans cette chaleur humide et étouffante. Le gros pliais et déliait ses cartes; transpirant toutes les larmes de son corps, trempant son mouchoir de cette sueur des mauvais jours, de cette sueur des jours de cafards, de cette sueur des jours de peur.
Et peur, il avait peur le gros, il avait peur de tout perdre, peur de perdre gros, peur .
L'indien sirotait son gin doucement, lançant quelques regards du dessous de son panama, avalant la fumée de son gros cigare et recrachant un long filet de brume. Pourtant la brume ici ne manquait pas...
La suédoise, assise au coin du bar jetais quelques sombres regards au pianiste de ce petit bar perdu dans les jungles équatoriales de Gujaira baie, ou nous jouions notre dernière partie de poker depuis des heures .
Elle avait envie de chanter, de chanter comme quand nous étions gosses dans les rues de paname. De chanter et de voler au dessus des tables. Elle avait envie qu’une foule d’admirateurs se presse à la porte de sa loge. Se presse a la porte de sa loge lui arracher un autographe. Lui offrir quelques fleurs, un parfum, une lettre, un roman..

Pourquoi la suédoise m'avait elle quittée pour le gros? Pour sa concession près de la rivière, pour la palmeraie et les serviteurs, pour l'argent? Pourquoi m'avait elle rendu si malheureux? pourquoi me perdais-je dans cette dernière partie de carte dont il n'y avait qu'une issue? pourquoi m'abandonnais je à cet alcool trop vieux et bien frelaté?. Pourquoi? Pourquoi pas...

Parce que chaque matin le soleil se lève et moi aussi.. Parce que chaque matin les yeux mis clos allongé dans mon lit je pensais à elle?
Nous sommes tant aimé, nous nous sommes tant aimé à paris, pourquoi à t-il fallu partir.

Le gros essuie encore une fois son front, il machone son mégot et abat trois cartes. L'indien du bout du doigt lève son panama et abaisse trois cartes.

J'ai tout perdu, je t'ai perdu la suédoise. L'indien sort un couteau, le gros un revolver. la suédoise pour toujours à jamais. Le coup part, l'indien s'effondre. Ma tête entre mes mains, je pleure, je pleure de t'avoir perdu Tu est et restera le seul amour, mon amour.
Tue moi la suédoise ou aime moi…. L'indien gît par terre…. et les jours passent a Gujaira baie.

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